• Mandala

    Ce mois ci une technique de méditation a la porté de tous : le dessin et le coloriage... De haut niveau.

    Ainsi qu'un petit reportage sur le témoignage d'un moine Tibétain réfugié en France, de quoi nous rappeler les situations d’extrêmes abondances et d’extrêmes conforts (matériel) dans les quels nous vivons.
    Un des aspects positif de cette invasion Chinoise c'est que les Tibétains sont obligé de répandre dans le monde leur haut niveau de spiritualité.

    Tashi Gentsen était moine dans un monastère bouddhiste. Il a fui le Tibet pour avoir osé dessiner un petit drapeau tibétain parmi les drapeaux de prière traditionnels. C'était il y a 5 ans. Il est venu en France avec sa femme.

    La vie de moine au Tibet : lever 4h Coucher 23h
    Selon la tradition bouddhiste tibétaine chaque famille doit confier l’un de ses fils à un monastère.
    C’est moi, le troisième fils, qui ai du quitter ma famille à l’âge de 8 ans pour devenir moine.
    Au début c’est très dur, à la fois de ne plus voir ses proches et surtout de s’habituer aux rythme et exigences de cette nouvelle éducation.

    La journée d’un moine c’est se lever à 4h du matin pour les premières prières avant le repas du matin à 8h ; ensuite on étudie jusqu’à midi : philosophie, méditation, peinture, textes liturgiques : comme la plupart des 425 livres qu’il faut connaître, parce qu’ils expliquent tous les principes et rituels du bouddhisme, ont été détruits partout dans le monde, on doit les apprendre par cœur. 60 pages par semaine pendant des années! Puis après le deuxième et dernier repas de la journée une pause de 2 heures, et on reprend les études jusqu’à 11h du soir.
    Les jeunes enfants qui arrivent sont parfois turbulents ou voleurs, mais après quelques punitions de mille prosternations ou de corvée de cuisine en plus de leur tour habituel, ils se calment assez vite !
    La cuisine et la vaisselle pour 400 moines, porter et frotter d’énormes casseroles ce n’est pas de tout repos surtout pour un enfant !

    Ce qui est dur aussi quand on arrive c’est qu’on doit tout faire tout seul comme laver son linge et celui de notre grand maître ; même en hiver sans eau chaude et presque sans chauffage parce qu’à part la bouse de yack et quelques brindilles il n’y a rien à bruler et pas de gaz ni d’électricité. Pour les vêtements, chacun a 3 tenues qu’il alterne et entretient jusqu’à l’usure complète !
    Une fois la période d’adaptation passée, j’ai beaucoup aimé être moine : la vie tranquille, rien à penser pour son présent, son avenir, pas la peine de chercher du travail pas besoin d’argent, de quoi manger tous les jours. Au Tibet on ne va pas mendier notre nourriture comme les bouddhistes en Inde, ce sont les offrandes des familles qui viennent nous voir une fois par an et des villageois, plus nos cultures d’orge, de riz et notre élevage de chèvres, moutons et yacks qui fournissent la farine, le lait le fromage et la viande ; normalement on ne mange pas de viande par respect pour la vie sous toutes ses formes mais comme les cultures sont très difficiles à cause du climat, on en mange une fois par semaine. D’ailleurs, en été, pour éviter de tuer sans le vouloir les insectes, qui sont peut être des réincarnations d’êtres humains, on reste enfermés pendant 3 mois, et après on fait 15 jours de fête avant l’hiver ! Les repas sont peu variés. On connait très peu de sorte de légumes par exemple et quand je suis arrivé en France j’ai été très surpris par toutes les variétés d’aliments ; depuis 5 ans que je suis là je n’ai pas encore pu tout gouter !

    J’ai beaucoup aimé devenir calligraphe et peintre de tankas : je restaurais les documents qui avaient été enterrés lors de l’invasion des chinois pour qu’ils ne les détruisent pas. ; il y en avait aussi sur tissus que je réparais aussi.
    C’est un travail très minutieux, il y a des pinceaux à un seul poil ! et très codifié car chaque mandala a une signification et même les couleurs, les animaux représentés et les tailles sont définis. Après 19 ans d’étude je suis devenu maître  et j’aurais du le rester jusqu’à la fin de mes jours ; car au Tibet, contrairement à d’autres pays et courants bouddhistes, quand on entre au monastère c’est pour la vie, si on en sort on ne peut plus y retourner.

    Défendre sa culture : un crime passible de plusieurs années d’emprisonnement
    Et pourtant j’ai du fuir mon pays pour avoir osé dessiner un petit drapeau tibétain parmi les drapeaux de prière traditionnels. Dénoncé par un des nombreux espions que le régime chinois infiltre partout, j’ai du me cacher 5 jours dans une cave avant de fuir vers le Népal : 35 jours à marcher la nuit et dormir la journée en pleine montagne pour éviter les routes surveillées où j’aurais pu être tué comme un lapin si j’avais été vu. Heureusement que finalement avec d’autres fugitifs rencontrés en chemin on a pu payer un guide népalais qui nous a permis de passer la frontière !

    Autrefois le Tibet était à 99% bouddhiste (il y avait quelques très rares catholiques et musulmans non tibétains d’origine) et possédait de nombreux monastères. Les chinois en ont détruit 1600 et en ont reconstruit quelques uns mais en dehors des règles ancestrales et ils imposent un nombre maximum de 400 moines, alors qu’avant il pouvait y en avoir plusieurs milliers ; ils y tolèrent l’apprentissage et l’usage de la langue tibétaine qui est interdite partout ailleurs. Les jeunes qui ont actuellement 20 ou 30 ans n’ont pas pu apprendre le tibétain à l’école, seulement le chinois. Les personnes qui écrivent en tibétain ou sur le bouddhisme sont emprisonnées pour plusieurs années comme je l’aurais été si j’étais resté, juste pour un tout petit drapeau, et comme l’est mon frère depuis 5 ans et encore pour un an, pour avoir osé aller rencontrer le Dalaï Lama en Inde, juste le voir, car pour les tibétains c’est comme un Dieu et c’est le rêve de tous de le voir. Quand il est revenu, il s’est fait arrêter.
    L’an dernier il y a eu 850 prisonniers politiques et de 2011 à 2014 il y a133 personnes qui se sont immolées pour montrer leur désaccord avec cette répression contre le peuple et la culture tibétains. Le Dalaï Lama prône la non violence et tant qu’il sera en vie il sera écouté, mais après ? y aura-t-il encore une culture tibétaine ? Sauf peut être en occident parce qu’il y a beaucoup de centres bouddhistes tibétains en Europe et en Amérique et j’ai été étonné de voir que vous connaissez parfois mieux le bouddhisme que les jeunes chez nous ! Le Dalaï Lama  a dit que c’était très bien d’apprendre à connaître le bouddhisme mais sans vouloir à tout prix changer sa religion d’origine ; on peut rester chrétien et bouddhiste par exemple ; d’ailleurs pour nous le bouddhisme c’est plus une science, une philosophie pour la paix, pas seulement une religion.

    Pour les chinois, le Tibet c’est seulement des richesses du sous sol, les minerais et l’eau, mais les hommes et leur culture ça ne les intéresse pas du tout. A Lhassa qui est maintenant une ville moderne chinoise, les tibétains sont relégués dans la périphérie. Et dans les campagnes, avant, la plupart des familles vivaient du nomadisme avec leurs troupeaux, mes parents étaient nomades, et on vivait normalement ; maintenant les chinois ont tué les animaux et construit des petits immeubles où ils les obligent à survivre, sans travail, sans éducation traditionnelle, ils sont perdus et très pauvres, ils tentent de survivre de petits bizness et la délinquance augmente. Je suis très triste et pessimiste pour mon pays qui me manque beaucoup.

    En France rien ne manque au niveau matériel mais la vie est totalement différente de celle que j’ai connue.

    Je vivais avec 400 moines sans problème, et maintenant je travaille dans une usine où on fabrique de la maroquinerie de luxe ; il y a 400 employés, presque que des femmes, c’est beaucoup plus difficile et bruyant ! et puis il faut aller toujours plus vite, et à la fin du mois on est payé le prix de vente d’un seul des nombreux porte monnaie qu’on coud chaque jour!
    Et quand je rentre le soir je reste un peu avec mes enfants (ma femme a aussi fui le Tibet et nous nous sommes mariés 2 fois : au Népal  selon la tradition bouddhiste, puis en France où il a fallu refaire un mariage civil !). Je n’ai presque plus de temps pour méditer et prier, être au calme comme au monastère, ça me manque.
    Et je ne peux pas contacter mes parents, sinon ils auraient des problèmes. Je n’ai pu parler qu’une fois au téléphone avec mon frère qui était en déplacement en Chine, mais au Tibet on ne peut ni téléphoner ni envoyer de mails, tout est censuré, contrôlé.
    Je peins encore un peu parce que des amis de l’association « Solhimal » (http://solhimal.org) sont intéressés pour vendre et acheter des tankas. Et j’anime aussi un atelier de peinture tibétaine à la maison de quartier de Saint Ferjeux.

    Grâce à ces amis français qui connaissent vraiment beaucoup de choses sur le bouddhisme et aiment le Tibet, et à nos liens avec l’association des tibétains à Paris, nous nous sommes assez vite habitués à notre nouveau pays, malgré les différences énormes de culture et de langue ; je n’ai pas souffert du racisme, juste parfois d’incompréhensions normales, surtout que je ne parlais pas du tout le français quand on est arrivés.
    C’est ce que je dis dans cet extrait en tibétain : merci les amis français qui nous ont beaucoup aidés.

    Et tant qu'on y est un Mantra a écouter pendant que vous dessiner...

    Un autre aspect de la culture musicale tibétaine les Singing Bowls

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